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March 22, 2021

Comment optimiser la logistique urbaine et réduire son empreinte carbone ? Interview croisée pour défis croisés.

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Face aux changements climatiques, les villes s’emploient à limiter les impacts de la logistique urbaine. Dans le même temps, les flux de colis explosent et la livraison rapide se démocratise, portés par le développement du e-commerce. Comment concilier ces aspirations environnementales et économiques ? Le point sur cet enjeu majeur de la logistique urbaine avec Anne-Marie Idrac, présidente de France Logistique et ancienne secrétaire d’État aux transports, et Jean-Charles Deconninck, président de Generix Group.

En France, la logistique reste un sujet mal connu, que l’on résume souvent aux seuls camions de livraison qui encombrent les rues. La logistique souffre-t-elle d’un déficit d’image ?

Anne-Marie Idrac : « Absolument, c’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles l’association France Logistique a été créée en janvier 2020. Réunissant l’ensemble des acteurs du secteur privé de la logistique française, l’association permet de porter de manière transverse et d’une seule voix les enjeux de la filière auprès des pouvoirs publics. La crise sanitaire a mis en lumière l’importance de la logistique, notamment urbaine. Elle a montré que si l’on pouvait stopper un temps les mouvements des personnes, maintenir celui des marchandises était essentiel à la vie économique et sociale de nos hôpitaux, magasins, usines… La logistique n’est pas qu’un mal nécessaire, c’est un secteur utile et créateur d’emploi. C’est un outil de croissance verte, à condition de pouvoir fédérer de très nombreux acteurs : en France, il y a plus de transporteurs routiers que de communes ! »

Quelles technologies vous semblent prometteuses pour soutenir les objectifs croisés d’optimisation de la logistique urbaine et de développement durable ?

Anne-Marie Idrac : « La motorisation électrique aura un grand rôle à jouer. Et au cœur de l’optimisation de la logistique, il y a le numérique. Ce sont les outils numériques qui vont nous permettre d’optimiser les flux physiques en favorisant la mutualisation des offres et besoins de stockage d’une part, de transport et de livraison d’autre part. À cette optimisation des flux physiques vient s’adjoindre naturellement celle des flux d’information : suivi temporel des marchandises, tracking GPS… Les capacités prédictives de l’IA sont également très intéressantes : en anticipant mieux les flux, on pourra à la fois mieux remplir les camions et mieux organiser les tournées. »

Jean-Charles Deconninck : « La data et la communication seront la clé d’une nouvelle logistique urbaine qui ne sera plus basée sur le volume, mais sur la fréquence. La cadence des flux va continuer d’accélérer, les gabarits de transports de se réduire. Pour gérer ces flux de plus en plus nombreux et complexes, les logisticiens auront besoin d’avoir accès en temps réel à toutes les données concernant les transports, notamment les typologies de trafic pour optimiser le passage de leurs propres flux. La ville va donc entrer dans l’ère de l’open data et devra en faire profiter l’ensemble des acteurs concernés : les citoyens, les gestionnaires de la ville, les commerçants, les transporteurs… »

Les villes de demain devront-elles réinventer la façon dont les flux de marchandises transitent en leur sein ?

Jean-Charles Deconninck : « Les villes de demain seront nécessairement plus intelligentes, avec la mise en place de solutions de régulation des flux innovantes qui permettront de gérer les informations trafic en temps réel, de façon dynamique, et de les partager avec les différents protagonistes de la livraison. Il n’y a pas vraiment le choix : les cœurs de ville devenus moins accessibles vont se révéler de véritables casse-têtes pour la livraison de marchandises sur le dernier kilomètre, obligeant la chaîne des acteurs de la logistique urbaine à repenser en profondeur leurs pratiques. »

Anne-Marie Idrac : « Les villes vont devoir réfléchir de manière transverse, globale, sur leur projet de ville. Est-ce que je suis ou veux devenir une ville touristique ? Une ville de festivals ? Est-ce que je veux que mes artisans puissent continuer à exercer leur activité en centre-ville ? Est-ce que je privilégie des centres commerciaux en périphérie de l’agglomération ou des rues commerçantes en centre-ville ? Si la ville se pose les bonnes questions, les logisticiens seront en mesure de leur proposer des solutions en fonction de leurs spécificités et priorités, pour atteindre un équilibre performant sur les enjeux de pollution atmosphérique, de bruit et d’encombrement. »

Comment concilier les objectifs d’optimisation de la logistique et de développement durable, notamment de décarbonation ?

Anne-Marie Idrac : « Il n’y a pas de solution magique, mais une multitude de sujets à traiter de manière chaînée. Les trois segments essentiels sur lesquels il faut agir sont la distance, que l’on souhaite la plus intelligente et courte possible, le stockage, avec entrepôts plus verts et aussi denses que possible et l’évolution des motorisations vers l’électrique. La question de la gouvernance sera également très importante pour parvenir à une logistique urbaine à la fois massifiée et durable. Ouvrir la discussion avec tous les acteurs de la chaîne logistique – aussi bien au sein des collectivités elles-mêmes qu’entre collectivités et avec les différents acteurs du privé – sera essentiel. »

Jean-Charles Deconninck : « L’une des voies à suivre sera d’optimiser à son maximum l’usage des infrastructures déjà existantes. On peut, par exemple, imaginer la création de sites logistiques éphémères sur des voies de bus entre deux transports de passagers. Ou encore, utiliser le métro pendant ses heures de fermeture au public en remplaçant les usagers par du fret dans des rames réaménageables, afin de livrer les commerces de proximité en cœur de ville. Ce qui est sûr, c’est que cette nouvelle logistique urbaine devra faire appel à de l’innovation technologique et organisationnelle, mais surtout à un usage plein et entier de l’ensemble des moyens déjà disponibles dans les villes. »

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